Comment lancer le mouvement Startup République ?

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Pour que « Tous startupers ! » ne soit pas qu’un simple slogan, mais devienne une réalité, il va falloir que le mouvement observé depuis quelques années persiste et prenne encore plus d’ampleur. Cela demandera un véritable changement de culture, d’état d’esprit général. Pour devenir une Startup République, le modèle français canonique devra bouger – et ce ne sera pas le plus simple, quand on entend les nombreuses personnes qui s’accrochent d’autant plus au passé que leurs souvenirs l’embellissent, sans doute inconsciemment. Et puis, l’avenir fait peur, souvent. 

Les représentants des entreprises de l’ancien monde continueront de craindre que les startups les fassent disparaître. Ce qui en l’occurrence a déjà été contredit par l’expérience car la présence des nouveaux acteurs a plus pour effet de réveiller les anciens en les forçant à se moderniser. L’exemple d’Uber est le plus prégnant. Ce serait une erreur de chercher à bloquer la vague des startups et l’urgence à créer une Startup République est d’autant plus grande qu’elle permettrait de sortir de ce faisceau de croyances mortifères. Il va falloir enclencher un cercle vertueux, où plus il y aura de personnes qui s’engageront dans cette voie, plus d’autres auront envie de le faire, quand d’autres encore ne rejoindront peut-être pas le mouvement mais participeront à son succès en étant client, partenaire ou en le finançant.

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"La startup a disrupté et même ubserisé la création d'entreprise dans sa version vintage"

Guillaume Cairou

Les 10 propositions

En premier lieu, il est temps de lever le voile sur une certaine hypocrisie et de révéler un secret de Polichinelle bien connu des initiés du monde numérique. Si la France compte tant de « vingtenaires» et trentenaires créateurs de startups, c’est que nombre d’entre eux, après de brillantes études et un premier passage dans une entreprise, négocient une rupture conventionnelle et vivent grâce aux indemnités versées par Pôle Emploi, qui est, comme l’écrivait Le Monde« le premier financeur des startups » ! 

Mais tout cela se fait en catimini. Il est urgent de prendre acte de cet usage et de promouvoir ce qu’on appelait il y a quelques années « l’activation des dépenses d’indemnisation du chômage ». Quitte à verser de l’argent aux demandeurs d’emploi, soyons fiers qu’il serve à créer une entreprise et, qui sait, un jour des emplois. Cette première phase est capitale pour avoir le temps de tester une idée et se lancer. Les startupers utilisent leurs indemnités pour se rémunérer, évitant par ce biais de grever les comptes de la jeune pousse en création, gardant tout le cash qu’ils ont réuni (en prenant sur leurs économies ou en levant ce qu’on appelle le « love money») pour l’exploitation et les premiers investissements. Si j’étais un peu provocateur, je dirais que c’est une preuve de bonne gestion. « Je préfère avoir continué à toucher le chômage en douce et avoir pu embaucher deux personnes plutôt que de me payer » expliquait ainsi un créateur d’une startup qui compte aujourd’hui 50 personnes !

Un dispositif pour les créateurs d’entreprises existe : l’Arce (Aide à la reprise ou à la création d’entreprise). La première limite de cette aide est qu’elle ne donne droit qu’à 45 % du TOUS STARTUPERS !

reliquat des droits d’assurance chômage. Deuxième inconvénient, elle suppose que l’on ait déjà créé la société. Or on sait que la création de la structure juridique, qui demande beaucoup de temps et d’énergie, n’est pas dans le cas des startupers l’objectif premier. On développe le projet, on le teste, on l’adapte, on le reteste et ce n’est que lorsqu’on passe à la phase de financement et d’industrialisation que l’on crée la structure. C’est pourquoi les dirigeants de jeunes pousses préfèrent toucher leurs indemnités en cachette. Actons une fois pour toutes cette situation et, puisque l’administration aime ça, créons un statut de demandeur d’emploi créateur de startup qui donne le droit de percevoir une allocation tout en créant son activité.

On pourrait même aller plus loin en imaginant un congé financé pour la création de startup. Les porteurs de projet ont besoin de temps pour tester leur idée? Finançons les pendant trois ou six mois, par exemple. Créons un congé spécial, qui sera rémunéré et ouvert à tous, salariés, indépendants ou sans emploi. Pour les salariés, les heures accumulées sur le compte personnel d’activité doivent pouvoir être mobilisées pour aller tester une idée de startup. Pour les autres, il est urgent de créer un droit à monter un projet. Pour les demandeurs d’emploi qui ont droit à des formations, cela pourrait très bien être intégré aux différents programmes existants. La question est plus épineuse pour les indépendants, mais créer un tel droit serait bénéfique pour tous. Même si seulement un projet sur dix aboutit au terme de ces trois mois, la collectivité y aura clairement gagné en création de richesses et d’emplois, et ceci en ne finançant que trois mois de salaire. La startup est un mode rapide et agile de création d’entreprise. On a connu mesures plus coûteuses avec un rendement plus discutable : les rapports de la Cour des comptes font chaque année le bilan de mesures qui créent des emplois à des coûts très élevés.

1. « Les arrière-cuisines de la startup nation», 21 février 2018.

Plus généralement, en attendant que la Startup République arrive, il importe de créer un continuum de droits entre le salariat, le travail indépendant et le dirigeant de startup. La multiplicité des régimes sociaux, les différences de couverture et la complexité d’ensemble dissuade plus d’une personne de passer d’un statut à l’autre, alors que cela devrait être fluide. On devrait pouvoir être indépendant un jour, salarié l’année suivante, créateur de startup sans que cela crée des discontinuités de droits.

Pendant la dernière campagne présidentielle, le sujet a été largement abordé par le candidat Emmanuel Macron, qui, d’une part, proposait que les indépendants et dirigeants d’entreprise accèdent à l’assurance chômage et que, d’autre part, les salariés puissent quitter leur entreprise en étant indemnisés s’ils avaient un projet. De la promesse à la mesure, il y eut tous les coups de rabot nécessaires pour éviter de grever les budgets sociaux. Les droits promis sont plus réduits que ce que les discours laissaient espérer.

Plutôt que de disserter sur l’allocation des budgets, je préfère suggérer une mesure plus simple et moins onéreuse. Pour que ceux qui veulent se lancer ne soient pas empêchés par des questions de protection sociale, faisons en sorte qu’un salarié ou un demandeur d’emploi qui se lancerait dans l’aventure de la création d’une startup continue d’être couvert par le régime des salariés pendant les dix, douze ou dix-huit premiers mois, selon la durée qui semble la plus adaptée. S’il réussit, il changera de régime automatiquement. Si son projet ne voit pas le jour, il reprendra sa vie d’avant sans rupture. Dans une première phase du moins, devenir une Startup République requiert qu’on ne fasse pas.

porter tous les risques au créateur d’entreprise. Une telle mesure lui simplifierait la vie, le rassurerait, mettrait moins son foyer en danger et ce, à un coût réduit. Ici encore faisons confiance aux experts de Bercy et aux experts du droit de la protection sociale pour construire une solution qui soit cohérente avec les grands principes du droit.

S’il est une action que l’État pourrait mener via son secrétariat d’État au Numérique, ce serait de créer un site Internet de référence où tous les événements en lien avec les startups seraient répertoriés, offrant à tout un chacun la possibilité de s’y rendre. De même, on pourrait très bien imaginer, et à un coût relativement faible, un réseau social de startups, avec la possibilité de poser des questions à ses pairs en ligne, de trouver des partenaires partageant les mêmes problèmes, venant s’ajouter aux groupes existant comme Facebook ou LinkedIn. Mais il y a un vrai enjeu de visibilité. La France restant ce pays où l’État a une place à part, il pourrait jouer son rôle en créant un cyberespace de référence pour les dirigeants de startups et ceux qui aspirent à les rejoindre. Une telle action ne fausse pas la concurrence, ne coûte pas très cher et peut rendre de grands services.

Dans le même registre et pour offrir une meilleure visibilité sur cet univers, je suggère de créer un observatoire statistique des startups. Il interviendrait en complément du site de référence et permettrait de mesurer le volume de chiffre d’affaires, le nombre d’entités, leur durée de vie, les différents secteurs d’activité concernés. Source incontournable aussi bien pour les médias, les startupers que les investisseurs, cet observatoire pallierait le manque de données fiables du fait de l’absence du statut juridique de la startup.

Autre idée pour favoriser l’émergence d’une communauté et susciter des vocations : ouvrir régulièrement les portes des lieux d’hébergement des jeunes pousses. Rien n’a la force du rôle modèle, de l’exemple, réussi ou non, de l’alter ego à qui poser des questions avant de se lancer. En marge des salons et colloques auxquels tout le monde n’a pas l’idée de se rendre, les journées portes ouvertes à destination des lycées, universités ou tout simplement d’un citoyen curieux de découvrir cet univers sont une manière intéressante de promouvoir le modèle. L’accès gratuit et facile pour tous fait aussi partie de l’esprit startup.

En complément de la communauté et de l’observatoire des startups, on peut imaginer diffuser la parole et l’expérience des entrepreneurs chevronnés. Se lancer dans l’aventure est une démarche exigeante qui requiert un engagement fort et de la résistance physique, psychologique et morale. Les startupers expérimentés pourraient s’engager directement à l’émergence de la Startup République en créant un accompagnement de qualité des dirigeants- fondateurs. À l’instar de Guillaume Gibault, le fondateur du Slip français, qui a récemment lancé une chaîne YouTube,

« J’y vais mais j’ai peur ». Certains le font déjà pour les startups qu’ils financent. Ne pourraient-ils pas le faire de manière plus « désintéressée »? Il existe de nombreux évén ments (salons, colloques, conférences), souvent filmés, où témoignent des fondateurs. Il faudrait diffuser largement ces témoignages, parce que leur rôle de modèle est essentiel. Savoir que quelqu’un qui aujourd’hui a réussi a connu les mêmes déboires est une source de réconfort et d’enseignements.

Tous les événements rapprochant nouveaux créateurs et multi-entrepreneurs confirmés sont les bienvenus. S’il existe une pluralité de rencontres de ce type à Paris et dans quelques métropoles régionales, il faut penser à infuser sur tout le territoire, y compris les territoires ruraux où un dirigeant de startup reconnu n’ira jamais spontanément, sauf peut-être en vacances. Les plateformes vidéo sont de formidables endroits pour diffuser de tels témoignages et autres captations de conférences. Les chambres de commerce et d’industrie, présentes sur tout le territoire national, pourraient aussi jouer un rôle moteur et recenser les ressources en ligne pour tous les candidats, et organiser davantage de rencontres.

Évidemment, les dirigeants d’entreprises n’ont pas attendu le numérique pour organiser des réseaux d’entraide et de soutien, créer des lieux où se rencontrer et partager ses expériences. L’action de l’Association progrès du management (Apm) mérite d’être saluée. Les dirigeants de startups doivent rapidement s’en inspirer s’ils veulent participer à la création d’une Startup République. Les plus aguerris et confirmés doivent prendre sur leur temps pour transmettre leur savoir-faire au plus grand nombre. Ils ne peuvent pas attendre de l’État qu’il le fasse à leur place. C’est à eux d’œuvrer à cette tâche d’autant plus importante que la nouvelle génération d’entrepreneurs que j’appelle de mes vœux viendra d’horizons plus diversifiés et ne sera pas forcément diplômée d’une grande école. Une fois encore, le numérique nous donne une partie de la solution: créer puis trouver des ressources en ligne sur comment réussir une levée de fonds, faire du « growth hacking » (accélération de croissance) ou découvrir tous les secrets du « test A/B » est beaucoup plus accessible à l’ère digitale.

Nous sommes déjà presque à la deuxième génération de créateurs de startups. Il y a eu une première vague au tournant de la fin des années 1990 et du début du XXIe siècle. À cette occasion, certains primo-entrepreneurs du Net ont enregistré de beaux succès et certains ont décidé d’investir une partie de l’argent qu’ils ont gagné dans des fonds pour soutenir les nouvelles créations. Au-delà de cette dimension financière, ces anciens de la création de startups ont un rôle de parrains à tenir, rôle que nombre d’entre eux jouent volontiers. La Startup République ne peut pas se faire sans eux. Mieux, elle doit être leur œuvre. Alors que le Conseil national du numérique (CNNum) renaît doucement après le malheureux épisode intervenu à la fin de 2017, lorsqu’une polémique est venue remettre en cause  le choix de certains membres, il serait souhaitable de créer un comité des sages du numérique en complément, voire un comité des startups. Ce dernier pourrait être composé d’entrepreneurs digitaux expérimentés, de financeurs de jeunes pousses et de représentants des structures d’accompagnement (les incubateurs et autres accélérateurs). Il serait consulté sur tous les projets ayant trait aux jeunes pousses et parlerait d’une voix plus forte aux autorités.

La réforme constitutionnelle qui s’annonce prévoit de revoir le nombre de membres siégeant au Conseil économique, social et environnemental (CESE) et d’en redessiner le périmètre. Si ce projet voit le jour, il faut souhaiter que des représentants des startups y figureront en bonne place, ce qui n’est pas le cas dans l’actuelle « troisième chambre» de la République, pourtant censée représenter la société française dans son ensemble. Pour que la Startup République soit vivante, il importe de lui donner une représentation officielle qui ne soit pas un leurre. La volonté d’un gouvernement se lira dans les  symboles, et  notamment dans sa capacité à créer une structure capable de critiquer ses décisions si elles vont à l’encontre des intérêts des jeunes pousses.

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L’État a un rôle important à jouer dans la réussite de  ce mouvement. Outre la diffusion d’un message optimiste, il doit œuvrer dans le sens d’un assouplissement des contraintes. La position du curseur est certes difficile à trouver car il faut libérer les startups sans appauvrir les acteurs historiques. De nombreux changements sont à opérer par le gouvernement sur le statut des travailleurs indépendants, la forme juridique des petites entreprises, la fiscalité en période de création, l’accompagnement des startupers par un éventuel fonds d’aide aux entrepreneurs en élargissant les conditions actuelles de l’Accre. Que les têtes bien faites et bien pleines de la haute administration française se penchent sur la question avec l’aide des startupers et entrepreneurs qui ont de l’expérience et les solutions fleuriront à une vitesse folle.

On raille trop souvent le retard des administrations pour ne pas souligner les initiatives les plus intéressantes à leur crédit. Ce qu’a fait Pôle emploi avec l’« Emploi Store» mérite d’être salué et dupliqué. Il s’agit d’un site Internet qui recense l’ensemble des ressources sérieuses pour aider un demandeur d’emploiPourquoi ne pas créer maintenant un « Startup Store », soit un espace sur le même modèle qui réunirait les ressources existantes pouvant être utiles à tous les créateurs ? 

En respectant bien sûr une totale neutralité dans les choix. Pôle Emploi pourrait aussi être à la manœuvre s’il le souhaite: après tout, bien des demandeurs d’emploi aimeraient savoir comment lancer leur startup. D’autres intervenants seraient tout aussi légitimes; l’Agence France Entrepreneur, qui met en ligne de précieuses ressources. Les chambres de commerce pourraient aussi s’en charger, en liaison avec les réseaux d’entrepreneurs comme l’Apm, dont nous avons déjà parlé, le Centre des jeunes dirigeants d’entreprise ou encore l’association Réseau Entreprendre. Plus on réussira à fédérer un grand nombre d’intervenants en évitant les querelles de clochers, plus on prouvera la volonté des acteurs de terrain d’œuvrer à la mise en place d’une Startup République.

Certaines startups en création ont résolu cette difficile étape en rejoignant ce qu’on appelle les nouveaux espaces de travail, qu’il s’agisse de coworking ou de lieux plus spécialement consacrés à l’innovation et aux jeunes pousses comme les incubateurs et autres accélérateurs. Les acteurs privés hébergent et fournissent des conseils aux startups et se rémunèrent souvent en échange d’une petite participation au capital. Le modèle économique est assez proche de celui des fonds d’investissement, qui espèrent réaliser un gros coup de temps à autre pour financer les investissements qui rapportent moins voire rien du tout. D’un autre côté, il existe des incubateurs publics ou liés à des écoles, dans lesquels la recherche du profit est moins immédiate. La France ne deviendra pas une Startup République si elle n’arrive pas à démultiplier de tels lieux, essentiels car ils proposent un hébergement, mais aussi parce qu’ils réunissent des startups et favorisent donc les échanges.

Les espaces privés à la recherche du rendement ne seront peut-être pas les plus à même d’accueillir des startups aux potentialités plus modestes, et qui pourtant sont nécessaires à la réalisation de la Startup République. Les collectivités locales pourraient prendre le relais en utilisant des lieux vides pour créer des incubateurs de startups présentant des projets intéressants. Demandons aux inspecteurs des finances et aux experts de Bercy d’imaginer une solution grâce à laquelle de telles actions seraient possibles. Pourrait-on créer pour les jeunes entreprises, pendant un an ou deux, un équivalent de l’allocation logement, si elles sont hébergées par un tiers lieu public ou semi-public ? Faut-il plutôt aider directement les incubateurs de jeunes

pousses via une subvention, ou les exempter de certaines taxes calculées sur la base immobilière, à condition qu’ils offrent de vrais conseils aux startups et qu’ils accueillent des projets au potentiel de rentabilité plus modeste? Cela requiert une étude complète, en prenant garde à ce que cela ne déstabilise pas l’univers existant de l’hébergement de startups. Le dynamisme de ce secteur est remarquable et la pire des choses serait de le mettre en péril en voulant aider les startups. La prudence est donc de mise, la déter- mination aussi.

Si, on l’a écrit à plusieurs reprises, les startups ont abaissé la barrière à l’entrée du financement, elles ne l’ont pas complètement éliminée. Toutes les bonnes volontés du monde ne seront d’aucun effet si, à un moment ou à un autre, de l’argent n’est pas investi dans le projet de startups. Des fonds sont disponibles et la multiplication des projets ne tarira pas la source. Plus il y aura une culture de la création, plus les vocations se feront nombreuses et plus les investisseurs internationaux regarderont d’un bon œil notre pays et nos entrepreneurs.

Sans en faire un dogme, la création d’une Startup République peut nécessiter une aide, une intervention au lancement du projet. Ensuite, il faut laisser les investisseurs privés faire leur travail, tout en gardant les outils favorables aux startups existantes, comme le crédit d’impôt recherche, le statut de jeune entreprise innovante ou encore les interventions de BPIfrance. Dans ce domaine, on pourrait suggérer de simplifier les processus et d’alléger les contrôles pour les plus petites entreprises. L’administration devrait prendre en compte la différence de nature entre une entreprise naissante et un groupe de dimension nationale ou internationale. Simplifier les procédures et accélérer les versements pour soulager la trésorerie de startup qui sont engagées dans une course contre le temps.

L’idée n’est pas de pas créer un statut dérogatoire particulier pour les startups, qui viendrait entraver les règles de la concurrence. Qu’on les supporte à leur naissance pour créer une Startup République, soit. Mais il faudra veiller à ne pas franchir la ligne jaune au-delà de laquelle le soutien revient à créer des privilèges.

Comme les plans Internet au début des années 2000, on peut imaginer que les mairies puissent être des relais de ce projet « Tous startupers ! ». Chaque mairie désireuse de participer au projet monterait une cellule, avec un responsable qui conseillerait sur tous les sujets administratifs, des entrepreneurs locaux qui accompagneraient les candidats sur les aspects opérationnels, et éventuellement un représentant d’une banque locale ou un expert-comptable susceptible de faire des recommandations financières. On peut également imaginer des espaces collaboratifs pour héberger les startupers lors des premiers mois d’activité. Une ville a souvent des espaces disponibles qu’il suffit d’aménager. En marge de la cellule, les élus feraient profiter les jeunes pousses de leurs réseaux (médias, affaire, banques…) et des événements locaux.

L’intérêt pour les candidats est clair. Pour les villes, il n’est pas négligeable non plus. Ce projet permet d’attirer de nouveaux habitants, de dynamiser certaines activités, de donner une image positive et moderne de la ville, de créer une émulation autour de concours, de soirées de pitch ou d’opérations de crowdfunding local. Chaque cellule pourra également encourager les jeunes, dès le collège, à proposer des projets de startups innovants, en lien ou non avec les établissements d’enseignement.

Enfin, l’implication des villes, en créant un maillage national, est un moyen de démultiplier la force du mouvement, de changer les mentalités en profondeur, partout sur le territoire et dans toutes les strates de la société. Les bonnes idées et bonnes volontés peuvent fleurir partout; chaque environnement a des besoins spécifiques et constitue un terreau pour de nouveaux usages.

Une dernière piste pour accélérer le mouvement concerne l’Éducation nationale. Le sujet est épineux, tant le système éducatif est à fleur de peau et tend à prendre comme une critique tout conseil venant du monde de l’entreprise. Les grandes écoles et les universités ont su créer des filières « entrepreneuriat », le plus souvent de niveau bac+5. Pourquoi ne pas promouvoir une telle formation bien avant, dès bac+2 ou 3, en n’hésitant pas à dire clairement qu’il s’agit d’un diplôme ayant pour but la création d’entreprises, de startups. Un BTS ou une licence par exemple, voire même un bac pro Entrepreneuriat. Il existe de nombreuses matières à enseigner aux jeunes pour les préparer à l’aventure entrepreneuriale, à commencer par l’esprit d’entreprise. Il s’agit autant d’un besoin que d’un symbole. Si la France veut devenir une Startup République, il ne faut pas hésiter à multiplier les formations pour ceux qui veulent se lancer. Pourquoi laisser le système scolaire sous-entendre que pour être entrepreneur le bac ne suffit pas ? Soyons lucides: si de telles filières existaient, tous les jeunes qui l’emprunteraient ne deviendraient pas aussitôt des créateurs. Certains poursuivront leurs études, d’autres occuperont un emploi classique, une fois diplômés.

Si devenir entrepreneur est évidemment davantage une question d’état d’esprit que de diplôme, la création d’une telle filière aurait un effet symbolique. C’est un signal envoyé à nos concitoyens qui mérite bien une expérimentation.

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Enfin, devenir une vraie Startup République ne pourra se faire sans un changement des mentalités. Cette ouverture conduit à faire davantage confiance à la force d’une ambition et à la qualité d’un projet qu’au prestige d’un diplôme ou à un parcours professionnel classique. Il y a une petite révolution culturelle à entreprendre. Elle a commencé, mais il ne faut pas s’arrêter en si bon chemin. L’écho rencontré dans les médias autour du dynamisme français de l’écosystème des jeunes pousses montre que les mentalités évoluent. Il reste maintenant à enclencher la vitesse supérieure et à élargir le spectre. Voici donc dix propositions pour bâtir les fondations d’une Startup République.

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